Nitrites etc …

Nous avons été conviés le jeudi 7 septembre 2023 à 9h00 à une réunion en Mairie sur les « cantines et repas sans nitrites» avec les élu·es Ville, Métropole, Département, Région, APHM, Ehpad, Sodexo …

Présentation – Contexte

Après l’Oms, l’Efsa, le nouveau rapport de l’ANSES a confirmé la dangerosité des charcuteries traitées aux additifs nitrités qui sont reconnus comme «cancérogènes».

Nous voulons manger sans être exposé·es à un risque de cancer à cause de ces additifs controversés , car les nitrites et nitrates ajoutés dans notre alimentation présentent un danger pour la santé.

Lorsqu’on les ingère, ils peuvent contribuer à la formation de composés cancérogènes dans notre estomac. Ce sont ces composés qui sont pointés du doigt par le Centre international de la Recherche contre le Cancer (agence des Nations Unies) et par l’ANSES, car ils favorisent l’apparition de cancer colorectal, le deuxième cancer le plus mortel après celui des poumons et celui de l’estomac.

Or face à ce consensus scientifique, l’État procrastine.

En mars 2023, le plan d’action du gouvernement a été dévoilé. Construit principalement sur de simples réductions des additifs , sur la base d’engagements volontaires des entreprises, il est totalement inefficace pour protéger durablement la santé des consommateurs et consommatrices.

Réunis au sein du collectif Stop Nitrites (réunissant des parlementaires, des élu·es locaux, des scientifiques, des avocats, des lanceurs d’alertes, des associations de défense des consommateurs et de la santé), ils exigent l’interdiction pure et simple de ce poison de notre alimentation.

La bataille se mène sur plusieurs fronts : le terrain législatif en France et au niveau de l’Union européenne, le terrain judiciaire avec des mises en demeure faites au gouvernement, aux producteurs et aux distributeurs de produits nitrites et les collectivités locales avec cette volontés que celles-ci s’engagent dans une démarche de précaution « Cantines sans nitrites ».

Plus que jamais, il est nécessaire de maintenir la pression sur les pouvoirs publics et que ceux-ci montrent l’exemple en interdisant pour commencer toute viande nitritée dans les cantines des écoles, collèges et lycées ; dans les hôpitaux, dans les Ephad…

Bref, en épargnant au niveau de la restauration collective les publics les plus vulnérables.

Les intervenants :

  • Richard Ramos, critique et chroniqueur gastronomique, il est Député depuis 2017. À l’Assemblée Nationale, il milite pour faire adopter une loi permettant aux restaurateurs de mettre des pré-enseignes dans leurs communes. Sur le sujet de l’alimentation, il dépose de nombreux amendements. Il s’implique beaucoup sur la question de l’encadrement du lobbying auprès des législateurs. Il est également impliqué sur les sujets liés à l’agriculture et à l’industrie agro-alimentaire. Il défend notamment une proposition de loi visant à réduire l’utilisation de nitrites reconnues comme cancérigènes dans la charcuterie.
  • Jérôme Santolini, chercheur en Sciences du Vivant et responsable du laboratoire Stress Oxydant et Détoxication au CEA-Saclay, Jérôme Santolini s’intéresse particulièrement aux processus de signalisation, stress et homéostasie (bio)chimique. Il est également administrateur de l’association Sciences citoyennes où il interroge les rapports Sciences – Société – Démocratie. Sensibilisé aux questions de santé environnementale, il s’est mobilisé sur la question de l’impact sanitaire des plastiques alimentaires et des additifs nitrés.
  • Aïcha Sif, adjointe au Maire en charge de l’Alimentation Durable, de l’Agriculture Urbaine, la Préservation des Sols et des terres agricoles, les Relais Natures et les Fermes pédagogiques
  • Sébastien Barles, adjoint au Maire en charge de la transition écologique, de la lutte et de lʼadaptation au bouleversement climatique et de lʼAssemblée Citoyenne du Futur

Voici le compte rendu de notre réunion :

Intervention de Richard Ramos :

Assez jeune, Richard Ramos comprend que l’alimentation était autre chose que des aliments, qui pouvaient être différents selon les familles. Un engagement dès le plus jeune âge, il parle de “Feuille de choux » qui était un petit journal qu’il éditait et qui traitait de l’alimentation pour enfant (un exemplaire ici).Assez rapidement, Richard Ramos précise qu’au-delà du problème de la nitrite, le problème est plus global.

Il précise que pour les nitrites,  c’est l’effet cocktail “nitrite + sang de la viande” qui est cancérigène.

Il revient sur rôle important des lobbyistes, il nous présente la méthode utilisée par les lobbyistes :

  • Faire du cognitif faux : lancement d’un consortium d’industriels de lobbystes (le FICT) avec un appel à projet de 2M€, L’INRAE (Fabrice Pierre) répond par une étude tronquée pour dire que si on n’en met pas ce serait plus dangereux, l’institut pasteur de Lille avec Jean-Michel Lecerf va relayer : le Nitrite c’est bon pour la santé : https://www.fict.fr/nos-actualites/interview-de-jean-michel-lecerf-emission-tele-matin-sur-france-2-sante-la-viande-sur-la-sellette/
  • De la connivence : avec l’organisation des rencontres autour de la gastronomie, avec des intervenants de qualité, une association fantôme, et de supers conférences se font.
  • de l’action sur les appels d’offres en incluant des lignes dans les marchés de financement aux actions locales : aides au club de foot, … pour subventionner les “danseuses” des élus sans passer le conseil municipal.

Richard Ramos ne rejoint pas LFI Loïc Prud’homme (Député LFI) de montrer sur un produit qui a du nitrite par une tête de mort (par de l’étiquetage) : https://www.sudouest.fr/economie/conso-distribution/charcuterie-nitree-et-cancer-le-depute-girondin-loic-prud-homme-depose-une-proposition-de-loi-13988106.php. Pour Richard Ramos, si le produit est dangereux, il doit être interdit.

Les lobbies ont tout intérêt à avoir des produits avec et sans nitrite pour une segmentation du marché dans une démarche marketing.

Intervention de Jérôme Santolini :

Pour Jérôme Santolini, le rapport de l’INRAE a été un simulacre, qui apporte un éclairage sur l’emprise politique pour produire une expertise qui répond à l’attente du ministère de l’agriculture et de industriels. Une autre chercheuse : c’est l’addition de nitrite qui provoque le cancer colorectal 2 à 3 000 morts par an, avec pas l’ombre d’un dissensus de la sphère scientifique.

Jérôme Santolini est très porté également sur le plastique et ses risques sur la santé. selon lui, 1kg de plastique serait ingéré par un enfant (de façon légale) sur sa scolarité.

Il apporte des angles d’attaque :

  • Convaincre sur la responsabilité de chaque acteur
  • Contraindre pour montrer que les opérateurs qui ne prennent pas en compte les données sanitaires et scientifiques martelant que faire manger du nitrite est un empoisonnement, ces opérateurs son responsables.
  • Interdiction des barquettes plastiques : la loi est passée en 2018, il reste un an pour mettre en place, cette transition sans plastique nécessite de l’organisation et de l’investissement.

AGORES s’est engagée sur la suppression du plastique, ce qui n’est pas le cas du SNRC qui a constitué un groupe de travail pour savoir comment sortir du plastique : groupe de travail présidé par la lobbyiste en chef du SNRC…

Pour Jerôme Santolini, la rentabilité prime sur la santé des enfants pour Elior et Sodexo (principaux acteur de SNRC).

Il ne faut pas être naïf, il ne faut jeter l’opprobre sur les gens qui travaillent pour Sodexo, mais il ne faut pas être naïf.

Concernant la nitrite : il n’y aucune raison de fournir de la charcuterie nitrite, toutes les solutions sont déjà en place pour se passer du nitrite.

Question de la FCPE sur la dose de nitrite dangereuse :

Le nitrite tout seul a été interdit au départ, parce qu’il provoquait la maladie des enfants bleus. Le nitrite s’est transformé en réagissant avec la matrice carnée de la viande rouge (fer du sang). Il n’y a pas de dose dangereuse : risque de cancer, il n’y a pas d’effet seuil, la moindre molécule a un effet cancérigène. C’est une question de dose qui multiplie les risques. On ne peut pas donner d’effets seuils.

La viande rouge (par le fer et le gras) : cancérigène probable : il y a un risque qui est avéré en présence de fer et de lipide dans la viande rouge.

La charcuterie : cancérigène avéré (seul aliment classifié cancérigène) pas autant de fer, mais plus cancérigène à cause du nitrite.

L’argument des bouillons nitrités ne tient plus la route parce que les industriels n’en utilisent plus.

Question de la FCPE sur la transparence :

La FCPE rappelle une nouvelle fois qu’en plus du pouvoir politique et juridique, le pouvoir citoyen doit être respecté. Les demandes de communication des fiches techniques des plats industriels de la Sodexo sont toujours refusées. Les services de la ville indiquent que les documents sont en ligne, ce qui n’est pas vrai. Les services de la ville confirment finalement que ce n’est toujours pas en ligne, ils nous proposent de nous les communiquer par un WeTransfer. Nous attendons.

Nous remercions les élus Aicha Sif et Sébastien Barles pour cette rencontre avec Richard Ramos et Jérôme Santolini, la discussion a été passionnante et éclairante sur les puissances des industriels.

https://rmc.bfmtv.com/actualites/politique/les-ministres-sont-a-la-solde-des-lobbyistes-la-colere-de-richard-ramos-modem-sur-les-nitrites_AV-202304070117.html

https://www.marianne.net/societe/alimentation/nitrites-et-jambons-cancerogenes-nouvelle-victoire-en-appel-de-yuka-contre-un-industriel-de-la-charcuterie

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