Lettre ouverte à M. le Préfet

Sujet : Ecole Curtel-Capelette

209 enfants, de la petite section, 89 enfants de moins de 6 ans sont en maternelle, au CM2…

L’école Curtel-Capelette, c’est aussi 13 classes, avec une équipe pédagogique engagée qui fait un travail remarquable avec une directrice, expérimentée, qui apporte beaucoup.

C’est également des familles, attachées au quartier, qui ont fait le choix d’être ici et de mettre leurs enfants dans l’école de la République, des parents investis dans cette école, en zone de réseau d’éducation prioritaire.

Le choix de construire une nouvelle école dans le quartier est ancien, nous retrouvons trace de cette décision politique en 2004. Nous sommes en 2022…

Lors du dernier conseil d’école du 18 mars, les parents ont appris que leur école sera fermée à la rentrée prochaine, le permis de construire temporaire de 5 ans étant déjà arrivé à son terme au 31 décembre 2021. Et comme la nouvelle école n’est pas livrée, la solution proposée par la Ville est de transférer toutes les classes, toute l’équipe pédagogique, tous les enfants dans l’école du parc Dromel avec pour seule mesure d’accompagnement la mise en place d’un “pédibus”sur un trajet de près d’1 kilomètre !

La ville a organisé une seule réunion avec les parents, le 22 mars, c’est Christophe Pierrel, directeur chargé du plan ecole de Marseille qui a eu la lourde tâche d’animer cette  réunion publique puisque le maire de secteur Lionel Royer-Perreaut, président de la Soleam, s’est invité à cette réunion. 

La situation était nécessairement connue des élus et des services, et de l’État puisque lors du dernier CDEN (Conseil Départemental de l’Education Nationale) du mois de février de cette année le transfert de l’école au Parc Dromel y était déjà acté.

Pour la FCPE et dans l’intérêt des enfants, la seule solution  est de rester dans l’école “temporaire” et de proroger le permis de construire temporaire. Nous avons étudié le PPRi (Plan de prévention des risques inondation) de 2017, nous avons étudié la situation de l’école dans le cadre du PPRi, nous avons connaissance qu’une situation d’alerte peut être signalée 24 heures avant. 

Nous vous sollicitons M. le préfet pour obtenir une dérogation au principe du PPRi, en élargissant les seuils d’alerte et les conditions de fermeture d’école conjointement avec la ville de Marseille.

La solution de transplanter l’école Capelette Curtel dans l’école Parc Dromel n’est pas acceptable car elle impose aux enfants et à leurs parents des changements importants dans leur organisation quotidienne. Elle n’est satisfaisante pour personne, ni pour les enfants, ni pour les parents, ni pour l’équipe enseignante, ni pour les enfants et les parents de l’autre école, … pour personne.

Le trajet tout d’abord. Pour les enfants, et en particulier pour les plus petits, ce trajet à pied sera long, trop long, impliquant fatigue, stress et réduisant le temps de “relâche” le soir à la maison…

Les enfants, de 3 à 11 ans, devront longer l’Huveaune matin et soir, qu’il fasse beau, ou pas, qu’il fasse chaud ou froid… que l’Huveaune déborde ou pas… pour 2 à 3 ans, 34 semaines par an, 4 jours par semaine, matin et soir (le midi ce sera impossible).

Beaucoup de parents n’auront plus le choix que d’accompagner leurs enfants en voiture avant de repartir au travail. La petite rue de l’école sera de fait embouteillée, ajoutant ainsi des difficultés à celles liées aux travaux du tram.

La ville nous dit que l’école du Parc Dromel sera assez grande, mais comment imaginer que rajouter 200 enfants à une école qui compte déjà 13 classes, et 339 enfants n’aura pas d’impact sur le fonctionnement de l’école : la cantine, le périscolaire, la cour de récréation, la surveillance, la sécurité incendie, … Et pour quelle durée ?…

Cette solution n’est pas envisageable.

A l’heure où nous avons avons un plan “Marseille en grand” avec 1 milliard d’investissement pour les écoles de notre ville, où la nouvelle majorité municipale fait des écoles (et de la place de l’enfant dans la ville) sa priorité, la FCPE demande un peu de bon sens et de pragmatisme pour les enfants.

Nous revendiquons le droit pour tous les  enfants d’être accueillis dans un lieu calme, sécurisé et serein pour apprendre. Cette école, bien que temporaire, y répond, elle peut continuer à y répondre avec les aménagements que nous proposons sur les alertes liées à l’Huveaune.

Nous vous demandons en tant que représentant de l’État d’aider les familles.

La seule solution envisageable pour nous est la prorogation du permis de construire temporaire.

Nous vous remercions pour votre attention. Nous ne manquerons pas d’alerter les habitants et tous les responsables politiques de la situation.

La FCPE de Marseille.
Vos contacts : Cécile Baron 06 70 03 15 77 – Arnaud Dupleix 06 95 98 94 11 – fcpe.marseille@gmail.com

La crue de l’huveaune

Le bassin versant de l’Huveaune est situé en région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA), sur les départements des Bouches-du-Rhône (13) et du Var (83). Il constitue un territoire d’une superficie supérieure à 520 km², dont l’exutoire naturel se situe à Marseille, au niveau des plages du Prado.

Les études s’accordent à dire que le fonctionnement hydrogéomorphologique du bassin versant de l’Huveaune est lié au double effet du karst (nature du sol) sur les débits de crue :

  • d’une part un effet tampon, qui a pour conséquence de ralentir la formation des crues du fait de l’absorption d’une partie des volumes précipités et ne les restituer que plusieurs heures voire plusieurs jours après la pluie. Dans le cas des crues fréquentes à rares, il joue souvent un rôle bénéfique (réduction des débits),
  • d’autre part un effet aggravant dans le cas d’épisodes pluvieux longs ou lors d’épisodes pluvieux successifs, lorsque le réseau karstique est mis en charge en même temps qu’un épisode pluvieux sévit. De nombreuses sources intermittentes fonctionnent alors à plein régime et les pertes peuvent se mettre à fonctionner en résurgences qui viennent gonfler les débits de crue.

L’huveaune a une crue lente mais qui peut durer, contrairement à son confluent, le Jarret, qui possède un bassin versant beaucoup plus urbain qui a une crue plus soudaine. Concernant le Jarret, les études précisent que la pointe de crue du jarret passe avant l’arrivée de la pointe de crue de l’Huveaune. Nous rappelons ici que la confluence avec le jarret se situe au barrage de la Pugette vers Dromel.

L’épisode de 1978

(http://pluiesextremes.meteo.fr/france-metropole/Crues-en-Provence.html)

Tout d’abord c’est un épisode de pluies très importantes en quantités puisque pour la seule journée du 16 janvier les valeurs atteignent les 100 à 180 mm sur une grande aire géographique. C’est un épisode assez long puisqu’il dure 7 jours consécutifs !

Du 11 au 17 janvier, il pleut chaque jour, portant les totaux sur 7 jours à plus de 200 mm sur le Var (249 mm à Toulon, 289 mm à Hyères, 275 mm au beausset) et plus 300 mm sur tout l’est des Bouches-du-Rhône (317 mm à Trets).

https://www.bouches-du-rhone.gouv.fr/Politiques-publiques/Environnement-risques-naturels-et-technologiques/La-prevention/Porter-a-Connaissance-inondation-bassin-versant-de-l-Huveaune

La FCPE demande à ce qu’une étude soit réalisée pour estimer le délai et les conditions d’une crue impactant l’école et ses accès.

Pas moins de 5 dispositifs sont en place pour anticiper et prévoir les risques d’inondation 

Une école publique répond à une sectorisation

Et la sectorisation de l’école Curtel-Capelette tourne le dos à l’huveaune. De fait, aujourd’hui toutes les familles sont éloignées du risque d’inondation. Aucune famille ne passe l’huveaune pour amener son enfant à l’école. Désormais toutes les familles passeront l’huveaune pour amener leur enfant à l’école.

Carte scolaire de l’École maternelle (enfants de 3 à 5 ans).

Bien au contraire, mettre les enfants dans une école de l’huveaune augmente le risque pour les familles qui iront les chercher en cas d’alerte inondation …

Carte scolaire de l’École élémentaire (enfants de 6 à 11 ans).
source : https://secteursscolaires.marseille.fr

Une construction provisoire au risque environnemental intégré

L’école provisoire qui a coûté 3,5M€ a été construite semble-t-il en intégrant le risque environnemental d’inondation.Sur le PPRi, nous retrouvons la zone de construction de l’école provisoire sur une  Plus Hautes Eaux (PHE) de 17,55m.

Extrait du Plan de Prévention des Risques Inondation de 2017

Selon les plans de la ville, l’altitude est à 17,54m.

Voici une photo de l’école, nous voyons les trois marches de la fondation faite pour l’école.

Ce que le dit le PPRi : 

Dans ce sens, la construction de l’école provisoire, bien que datant de 2016, semble suivre les obligations imposées par le PPRi. (PHE+20cm).

PPRi : Qu’en est-il du diagnostic de vulnérabilité ?

Dans le PPRi, est mentionnée la réalisation d’un diagnostic de la vulnérabilité. La FCPE demande la communication de ce document pour l’école provisoire Curtel Capelette Curtel.

Les Reconstructions d’ERP en zone rouge sont autorisées !

Dans le PPRi, les reconstructions d’ERP sont autorisées. 

950 mètres à pied, ça use, ça use …

950 mètres : la distance entre l’école Capelette Curtel  et l’école Parc Dromel, nous comptons le trajet à pied, et non à vol d’oiseau comme semble le faire la ville avec les 650m qu’ils annoncent.

950 mètres à pied pour 209 enfants; disons 150 enfants, avec des accompagnateurs disons 2 pour 10. 

Tout ceci reste hypothétique tant le flou est maintenu et ne semble pas être organisé par la ville de Marseille. Donc 30 accompagnateurs, 30 accompagnateurs avec 150 enfants qui vont partir de l’école Capelette-Curtel, pour se rendre à l’école Parc Dromel. Le faire une fois avec 10 enfants de 3 ans, relève de l’exploit…

alors  816 fois sur les trois ans (la Soleam prévoit 2 ans pour la construction de la nouvelle école, mais à la FCPE nous sommes prudents, nous comptons trois ans, qui comprennent les fouilles archéologiques qui n’ont pas débutées).

Nous ne nous éternisons pas sur le coût financier et la précarité certaine de ces emplois d’accompagnateurs.

Sur toutes les saisons des trois années : l’automne, l’hiver, le printemps, l’été, l’automne, l’hiver, le printemps, l’été , l’automne, l’hiver, le printemps, l’été … Qu’il vente, qu’il pleuve, qu’il fasse chaud, qu’il fasse froid, que les petits aient envie de marcher ou pas.

La durée de marche est approximativement de 25 minutes.

Ils traverseront l’huveaune sur la petite passerelle, passeront sur le parking de la copropriété privée attenante, ils emprunteront le trottoir, croiserons certainement 5 à 10 bus des lignes 15, 15S, 16, 16S, 17 qui empruntent les rues, ils devront être vigilants aux rétroviseurs, regarder par terre pour ne pas marcher sur les excréments de chiens, devront patienter en sécurité sur le trottoir que le groupe d’avant passe le passage piétons, tout en portant leur sac sur le dos ou le roulant avec le bras tendu …

Et ça c’est pour l’aller entre 8h et 8h25, donc les enfants devront arriver à 8h devant l’école Capelette-Curtel avant de partir avec le “pédibus”.

Pour le retour, ce sera l’inconnue avec le périscolaire, plusieurs pedibus ?

Comment répartir les groupes, sachant que le périscolaire libère les enfants entre 17h30 et 18h en fonction de  l’arrivée des parents.Nous avions oublié : l’école n’est pas centrale sur son périmètre scolaire mais en bordure:  toutes les familles sont au Nord Nord ouest de cette école. Donc avant d’arriver à l’école Capelette Curtel, les familles auront déjà marché une dizaine de minutes avec leurs enfants.

La ville indique que les parents pourront emmener leurs enfants en voiture et se garer devant l’école Parc Dromel : de nombreuses familles ne possèdent pas de voiture ou ne s’y risqueront pas  tant les travaux actuels du tram (qui dureront jusqu’en 2025) perturbent déjà considérablement la fluidité du trafic.

La ville propose de faciliter les dérogations à la carte scolaire, sauf que les écoles autour sont en effectif maximum, dans quelles conditions vont être accueillis ces enfants. Et nous parlons d’enfants qui ont des relations sociales, qui développent des liens d’amitié, qui ont des repères, ces enfants vont devoir s’adapter 2 fois en 3 ans : une première fois en allant à l’école Parc Dromel ou une seconde fois  lorsque leur nouvelle école sera sortie de terre.

La ville a raison, elle respecte la loi, mais nous espérons de tout coeur que vous trouverez une solution et un aménagement à cette situation qui relève à la fois de la santé publique pour les enfants et du respect du service public de l’Éducation Nationale.

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