L’architecture scolaire : regards historiques et prospectifs

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Audition de M. Laurent Jeannin, maître de conférences hors classe en sciences de l’éducation à l’Université de Cergy – Pontoise, le 15 février 2023 dans le cadre de la mission Bâti Scolaire du Sénat.

Laurent Jeannin apporte des résultats de sa recherche et l’historique du bâti scolaire dans toute sa complexité et sa difficulté à s’adapter aux pédagogies et aux temps de l’enfant.

En 1975 arrive la  loi Haby (https://www.vie-publique.fr/eclairage/38483-le-debat-sur-le-college-unique), la loi des collèges pour tous a conduit pendant presque une quinzaine d’années à avoir une massification du bâti scolaire : on est passé dans les années 1800 de la maison des écoles à une nécessité de construction parce que d’un seul coup il faut accueillir tout le monde.

Dans les années 1800, il y avait des établissements scolaires qui étaient construits à partir de petites maisons on était allé jusqu’à Jules Ferry qui ensuite dès 1892 a commencé à mettre en place les premières bribes de l’architecture scolaire dont la norme architecturale devait permettre aux enfants de bien voir, de bien respirer, de bien se déplacer dans un bâtiment qui devait être garant de la santé des enfants, ce qui nous a amené après à avoir des courants hygiénistes où, pour travailler contre la tuberculose, des espaces complètement ouverts ont été conçus parce que la qualité de l’air était un élément clé de la lutte contre la tuberculose (très bel exemple en région parisienne avec une école patrimoine mondial de l’UNESCO à Suresnes (https://suresnes-tourisme.com/index.php?pagendx=40&p=118) qui est une école issue de ce ce courant hygiéniste.

Le parallèle est à faire entre ce qui s’est passé avec ces courants hygiénistes avec cette nécessité d’ouvrir et de travailler la qualité de l’air pour lutter contre la tuberculose et ce qu’on a pu vivre avec le COVID où il a fallu qu’on aère les salles des établissements scolaires pour essayer de lutter contre les propagations du virus.

En 1975, fort de tous les industriels et architectes du moment, il y a eu des méthodologies constructives qui ont permis de livrer le bâtiment scolaire principalement sur base linéaire avec des trames architecturales de 7m20, parce qu’en fait 7m20 c’est ce qu’on pouvait mettre sur les camions pour pouvoir les livrer les matériaux, pour pouvoir construire rapidement, et donc on se retrouve avec tous ces établissements scolaires qui ont une même trame constructive avec des salles d’enseignement qui sont sur des bases de de facteurs de 7m20, on se retrouve avec des salles à 40 et quelques m² voire 60 m² pour les plus onéreux, et une empreinte foncière qui est maîtrisée souvent dans des bâtiments très linéaires avec du R+1, R+2 voire R+4 en fonction de la tension. Ensuite on arrive aux lois de décentralisation, la prise en charge par des collectivités des différents établissements donc une prégnance assez importante du geste architectural témoin d’une empreinte forte sur un territoire avec l’évolution des technologies sur les façades : la façade marque l’établissement scolaire nouvellement dans les compétences des collectivités devient un objet aussi de politique locale et marque sur le territoire.

D’autres extraits :

Des premiers travaux de recherche multifactoriels ont eu lieu en 2015 par des anglais qui ont pu accéder à 27 écoles à Londres et qui ont fait des analyses pour la première fois multicatégorielles :

  • la qualité de l’air
  • le confort thermique
  • le confort acoustique
  • la mobilité de l’élève

Comparés avec des classes témoin, avec tout le cadre scientifique, ils ont démontré que ces facteurs environnementaux ont la même prégnance statistique sur les résultats scolaires que la catégorie CSP des parents.

Ça permettait de confirmer pour la première fois dans une analyse multifactorielle ce qui se disait depuis les années 70 qu’on avait du mal à étudier de manière multifactorielle.


Depuis les années 60 et depuis Freinet qu’on enseigne dans tous les centres de formation qui forment les enseignants, on met en avant ces pédagogies actives (Freinet, Montessori et autres …) mais quand ils font leur bassin d’expérimentation,  qu’on appelle le bassin de stage,  quand ils s’expérimentent pour la première fois, ils sont dans des bâtiments scolaires où ils ne peuvent pas le mettre en place et donc on est dans une perspective de flexibilité qui est promue internationalement depuis les années 60 mais qui se déplace difficilement au-delà de la classe. C’est-à-dire qu’on va mettre des tables et des chaises, on va aménager sa salle de classe mais le bâtiment en tant que tel c’est plus compliqué de le travailler : aujourd’hui vous avez du mobilier vous avez des tablettes vous avez des choses mais on ne s’attaque jamais à la structure bâtimentaire et la gestion de l’emploi du temps.


La banque des territoires en 2017 a ouvert un prêt flash : aucune information de son usage. La BEI finance également : aucune information sur l’usage …

Des outils de l’éducation nationale ont été mis en place : Archiclasse, un service du bâti scolaire

Des avancées, mais pas de centralisation de l’information et des pratiques.


Le bâtiment scolaire est soumis à plusieurs cycles :

  • cycle macro : le cycle bâtimentaire tous les 40 ans avec des rénovations majeures, des nouveaux financements des passages sur des normes techniques, des changements, climatologiques, institutionnels par exemple la réforme de la voie professionnelle qui aura un impact sur les lycées pro, ou l’innovation …
    Concernant l’innovation : cycle de Kitchin : 3 à 7 ans pour que l’innovation arrive de la sphère publique à la sphère scolaire…
  • cycle méso : plus proche de la classe, l’enseignant veut exploiter les espaces.
  • cycle micro : trouver tous les objets pour organiser le fonctionnement de la classe

J’aimerais juste qu’on puisse ajouter des problématiques physiologiques un peu plus fortes par exemple la qualité de l’air, un air confiné qui a beaucoup de CO2 : dès qu’on dépasse 1200PPM vous perdez 10% vos capacités cognitives à résoudre des tâches complexes, dès que vous êtes au-dessus de 1400PPM il y a un phénomène physiologique qui se passe qu’on appelle l’acidose et qui va faire que vous pouvez avoir des troubles des troubles simples : mal de tête anxiété, un peu d’excitation sur la table sur la chaise, les anglo-saxons arrivent à démontrer qu’il peut y avoir des des des relations causales entre la qualité de l’air et et l’absentéisme et maladie chez les enseignants…

il y a des programmes européens qui partagent aujourd’hui des données sur la qualité de l’air et la qualité environnementale des établissements scolaires : Clean Air School


Sur le financement : Au niveau européen il y a des programmes comme Energy Sprong : la collectivité s’engage à rénover énergétiquement le bâtiment, la banque prête et l’industriel est payé uniquement sur les 30% d’économies d’énergie qu’il va réaliser donc il est obligé de s’engager à les faire (Bouygues, Eiffage, …).


Sénateur(s) : BRISSON MaxBRULIN CélineFAVREAU GilbertGUIDEZ JocelyneHAVET NadègeMIZZON Jean-MarieMONIER Marie-Pierre

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