« Les parents et les élèves risquent de négocier certaines notes… » – Grégoire Ensel, président de la FCPE

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« Les parents et les élèves risquent de négocier certaines notes… » – Grégoire Ensel, président de la FCPE

7 – 9 minutes


Calendrier du Bac 2024, Parcoursup, absences des enseignants… Le président de la Fédération des conseils de Parents d’élèves (FCPE), Grégoire Ensel, réagit et nous fait part de ses revendications.

Par Aziza Sellam

Quel est l’état d’esprit des parents en cette rentrée 2023 ?

Grégoire Ensel, président de la FCPE

Nous assistons à tout sauf à une rentrée sereine. Les parents ne sont pas du tout sereins et cela depuis quelques années. En effet, aujourd’hui on constate qu’il n’y a pas assez de moyens pour l’école. Cette situation découle en grande partie de la diminution du nombre d’adultes présents au sein des établissements éducatifs. Par adultes il faut comprendre les enseignants mais également le personnel éducatif. À titre d’exemple, pour la rentrée de l’année 2023, nous avons été témoins de la suppression de 1500 postes d’enseignants. On nous explique que cette décision s’aligne sur l’évolution démographique, une justification que nous contestons vivement. En effet, nous estimons que la décroissance démographique offre justement l’opportunité d’alléger les effectifs au sein des classes. Malheureusement, à la rentrée de 2024, si aucune mesure n’est prise, 2511 postes supplémentaires seront supprimés, selon les termes du projet budgétaire en cours. Ce constat met en évidence une détérioration progressive de notre système éducatif, une situation qui suscite une inquiétude légitime.

Notre demande est claire : nous aspirons à la présence d’enseignants compétents, correctement formés, et rémunérés à la hauteur de leur engagement.

Vous estimez que les enseignants ne sont pas assez formés ?

Nous sommes inquiets de voir des contractuels, pour ne pas dire des adultes, qui se retrouvent du jour au lendemain à enseigner avec une formation minimale, voire inexistante pour pallier le manque d’enseignants. Cela signifie qu’au lieu d’avoir un enseignant qualifié dans chaque classe, nous assistons à une situation où des adultes non formés sont chargés de superviser les classes. Les élèves se rendent d’ailleurs immédiatement compte qu’ils n’ont pas affaire à des professionnels qualifiés. De fait, ces adultes se retrouvent rapidement en difficulté. Bien sûr, certains réussissent très bien, mais d’autres font face à d’extrêmes difficultés. Il est essentiel de rappeler qu’enseigner est un métier, évaluer les élèves est un métier, faire de la discipline dans un cours est un métier…

Et puis, nous engageons certes des contractuels, mais parfois ils ne sont pas non plus remplacés quand ils sont absents. On risque alors de se retrouver avec des élèves qui n’ont pas les mêmes opportunités que dans un autre établissement où l’absentéisme est moins élevé, car on sait que ce sont toujours les mêmes qui en pâtissent, ce qui est inacceptable. Il faut aussi noter que le ministère évoque une perte de 15 millions d’heures d’enseignement par an. Par conséquent, faire croire aux parents qu’on est en mesure de remplacer tous les enseignants est un pur mensonge !

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Les enseignants ne se sentent pas en sécurité dans leur établissement : les parents les soutiennent-ils ?

Je ne veux pas faire de généralités mais il faut avouer qu’il existe un climat qui, malheureusement, peut favoriser des situations inacceptables. Cependant, lorsqu’on entretient une relation de proximité avec les enseignants, je parle ici de proximité physique, nous éprouvons plutôt de l’empathie envers nos enseignants dans l’ensemble.Nous ne sommes pas contre eux bien au contraire car nous partageons un intérêt commun : l’éducation de l’enfant. Cela dit, il peut y avoir des incompréhensions, parfois un manque de dialogue mutuel, ce qui peut conduire à la violence des parents envers les enseignants. Cela peut se produire, mais je tiens à souligner que je ne souhaite pas généraliser, car heureusement, la plupart du temps, la relation entre les enseignants et les élèves se déroule bien au quotidien.

Le métier d’enseignant vous semble-t-il valorisé ?

Les enseignants ne sont pas valorisés par l’État qui ne les rémunère pas suffisamment. Ils enseignent dans de mauvaises conditions de travail car on assiste à un système éducatif qui se dégrade. En effet, il y a trop d’effectifs dans les classes ce qui entrave la capacité des enseignants à dispenser un cours de qualité et à fournir un suivi individualisé des élèves. A titre d’exemple, au collège une classe accueille 28 à 30 élèves et au lycée 34 à 36 élèves voire 37. Et ce n’est pas du tout une exception ! Il est donc essentiel de doter l’école des ressources nécessaires dès à présent pour éviter de répéter les mêmes constats dans 20 ans !

Que pensez-vous du nouveau calendrier du Bac ?

Nous sommes mécontents du nouveau calendrier du Bac. En effet Parcoursup ne prendra en compte que les notes du contrôle continu et les notes de spécialité du mois de juin n’y seront pas intégrées. Nous aurions aimé que les spécialités se déroulent la première quinzaine de mai pour coïncider avec Parcoursup qui aurait été décalé le temps des corrections et pour laisser le temps aux élèves de préparer le Grand oral de juin.
Va alors se poser la question des notes de contrôle continu données par les enseignants. La notation sera inégale : pour les épreuves de spécialité il s’agissait d’une note nationale donc les copies étaient anonymes ce qui n’est pas le cas pour les notes du contrôle continu, plus locales. Par ailleurs, avec l’importance accordée au contrôle continu, il existe un risque que les parents et les élèves cherchent à discuter certaines notes avec les enseignants. Je tiens à préciser que je ne recommande pas du tout cette pratique, cependant, il est possible que certains essaient de négocier leurs résultats.

Pour éviter le pire, nous avons plaidé en faveur du principe du “droit à l’erreur”. Cela signifie que dans le cadre du contrôle continu, en cas de mauvaise note, l’élève aurait la possibilité de refaire un devoir, ou que la moyenne ne soit pas trop affectée par cette mauvaise note. Cette mesure aurait permis de réduire la pression sur les lycéens. Cette idée n’a malheureusement pas été prise en considération.

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